À propos de Chiffreurs et bousingos

Olivier Sauvage a lu le livre d’Alexandre Prieux pour le numéro 201 de la revue Romantisme (2023).

Extrait :

« Dans cet ouvrage bref mais dense, écrit avec une fougue qui emporte le lecteur dès les premières lignes, Alexandre Prieux prend résolument le parti de Théophile Gautier et des Jeunes-France, incarnation à ses yeux du romantisme le plus authentique. Le fameux gilet rouge que portait Gautier le soir de la première d’Hernani, et sur lequel l’auteur de Mademoiselle de Maupin s’est lui-même plu à ironiser dans un chapitre de son Histoire du romantisme, écrite quatre décennies après les faits, semble dans cette perspective « nous donner le spectre de toute visibilité événementielle : son rouge apparaît comme la couleur primaire de l’Histoire ». Alexandre Prieux s’empresse toutefois de préciser de quel rouge il s’agit : Gautier ne pense pas au rouge politique, mais au « rouge historique », car, comme le précise Prieux, « sa teinte est plus lumineuse et plus profonde, plus idéale, plus héraldique ». Le « parti » de Gautier est avant tout esthétique, et se rattache au Moyen Âge chevaleresque. Il « évoque un ordre de paladins prêts à mourir pour des mouchoirs, plus volontiers que pour la liberté ou le peuple ». Gautier lui-même avait forgé l’expression « parti mâchicoulis », que l’on aurait tort de prendre pour une simple revendication de pittoresque. Alexandre Prieux rappelle à juste titre l’origine militaire du terme, qui correspond bien à la « formule stratégique » de l’art de Gautier, qui associe « l’orfèvrerie et la mitraille » en un style volontairement énergique. Le véritable enjeu esthétique réside en cela : « Le Classicisme reproche au Romantisme, moins ses massacres d’hémistiches et son viol généreux de la bienséance, que cet usage inédit de l’art comme une forme élégante de bouche à feu. » (…) »

L’article est accessible en intégralité sur Cairn.info : https://www.cairn.info/revue-romantisme-2023-3-page-169.htm

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